Pourquoi ton livre n'avance pas (et comment remédier à la situation)

« Dernièrement, j’ai commencé à écrire un livre. Je suis super motivée, mais à chaque fois que je m’assois devant mon ordinateur, ça n’avance pas. »

Plusieurs auteurs ont l'impression d'avancer à pas de tortue

Cette question m’a été posée par une collègue avec qui je discutais, récemment. Voici une version (à peine) plus élaborée de ce que je lui ai répondu :

Premièrement, je te comprends! Lorsque j’ai écrit mon premier livre en 2010, il m’a fallu deux ans et plus de 60 000 mots pour aboutir à un résultat qui en comptait… à peine 25 000. Tu as bien compris. J’ai dû retirer plus de LA MOITIÉ de ce que j’avais rédigé au départ parce que l’histoire n’était pas suffisamment claire et que ça partait dans tous les sens. Cette sensation de tourner en rond et de faire du surplace, je la connais bien et elle est ressentie par la plupart des auteurs. Ce que tu vis es normal, donc, pas de panique . Heureusement, aujourd’hui, faire le même travail me demande moins de temps et surtout bien moins d’énergie qu’autrefois.

Ce que je peux te dire, aussi, c’est qu’il existe des stratégies super simples qui t’aideront à sortir de ce sable mouvant et remettre ton projet sur les rails. Mais avant d’aller là, il y a d’abord quelque chose que je veux que tu comprennes. C’est un modèle qui a été popularisé par l’auteur américain Roger Von Oech dans son livre A whack on the side of the head. La version dont je vais m’inspirer ici est l’adaptation de cette théorie par l’écrivain québécois Carl Rocheleau. Ça va comme suit :

Lorsqu’on écrit un livre, c’est comme si trois parties de nous-mêmes collaboraient ensemble à la réalisation du projet. Appelons ces « parties de nous-mêmes » des « partenaires » qui occupent chacun un rôle différent mais essentiel:

• L'ARCHITECTE : Responsable de la structure, de la vue d’ensemble et de l’interaction des différentes parties entre elles. L’architecte utilise ses connaissances pour bâtir.

• L'ARTISTE : L’artiste est inspiré. Enthousiaste, il aime jouer et s’exprimer librement. Il fonctionne bien lorsqu’on lui donne des balises mais déteste être freiné. C’est lui qui a eu la vision de départ de ton livre, le flash irrésistible qui t’a poussé à te mettre en action. Il est TRÈS excité à l’idée que ton projet se réalise!

• LE JUGE : Le juge analyse, doute, investigue et compare, afin de rendre ton texte encore meilleur. Perfectionniste, le juge est prudent, il travaille lentement et avec minutie. Le juge vise toujours l’excellence. II faut parfois calmer ses ardeurs et lui rappeler d’attendre son tour. Par contre, lorsqu’on te dira que ton livre est « malade », « hallucinant » ou « sur la coche », ça sera un peu (beaucoup) grâce au juge et son souci du détail.

Maintenant que tu es familier avec les trois compétences essentielles qui interviendront dans la réalisation de ton livre, voici sommairement les quatre grandes phases du processus d’écriture. Comme tu vas le voir, chacun de tes "partenaires" a un rôle à jouer, mais à des moments différents :

1.  Imaginer - La vision de départ : Ici, gâte-toi. N’aies pas peur de rêver et de voir grand. Laisse ton artiste s’emballer. Cet enthousiasme est comme un feu qui brule en toi et il te fournira l’énergie pour mener ton projet à terme malgré les difficultés. Assure-toi de préserver ce feu.

2.       Planifier - Organiser tes idées : Ici, c’est l’architecte qui est à la barre. Je te rassure tout de suite, faire le plan d’un livre de « non-fiction », c’est bien moins compliqué que tu pourrais le croire. Essentiellement, la structure de ton livre ressemblera à ce que tu as appris à l’école secondaire, mais en mieux. (Ce document PDF gratuit va t’aider à faire ça). Le plan n’est pas obligé d’être ultra précis et rigide. Mais ces balises sont importantes car elles te permettront de canaliser ton énergie lorsque viendra le moment de rédiger.

3.       Écrire - Remplir les trous : Un coup que tu as la structure, tu es maintenant prêt à remplir les trous. C’est le moment de commencer à écrire. Imagine-toi couler du ciment (le texte) dans des socles (la structure). Ou colorier à l’intérieur des lignes que tu auras préalablement tracées. Durant cette étape, laisse-toi aller; permet à ton artiste de s’exprimer librement afin qu’il puisse écrire le livre jusqu’au bout. Assure-toi aussi que le Juge reste assis sagement sur les lignes de côtés et qu’il ne vienne pas saboter l’enthousiasme et l’énergie de l’Artiste. Sinon, tu auras l’impression d’avoir un pied sur l’accélérateur et un autre pied sur le frein. Difficile d’avancer dans de telles conditions. (Il existe des stratégies pour écrire sans te freiner, je te partagerai ça dans un prochain épisode.)

4.       Réviser - Améliorer ton texte : Maintenant que tu as écrit une première version complète de ton livre en respectant le canevas élaboré par l’architecte, c’est au tour du juge d’intervenir pour rendre ton texte meilleur.  Alors que l’étape précédente devait être effectuée avec énergie et relativement rapidement, pour la révision, prends ton temps. Relaxe, détends-toi. Il y a un adage dans le milieu littéraire qui dit « écris vite, révise lentement ». Certains diraient aussi « écrit saoul, révise à jeun », bref, tu comprends le principe. Si jamais tu ne te sens pas outillé pour accomplir cette partie du travail, trouve un éditeur ou engage un professionnel pour t’aider. Mais ne demande pas à n’importe qui car chacun a sa « petite opinion » et ça pourrait te mélanger plus qu’autre chose. (Il existe des stratégies simples et efficaces pour améliorer un texte, je te partagerai ça dans une prochaine fois.)

Lorsque tu t’assois pour écrire, demande-toi lequel de tes partenaires devrait être aux commandes durant cette phase du projet. Décide qui sera le chef, laisse-le faire son boulot et surtout, ne laisse pas les deux autres lui mettre des bâtons dans les roues. L’architecte, l’artiste et le juge sont essentiels à la réalisation de ton projet mais chacun doit prendre les commandes au moment approprié. Si tu développes cette vigilance et que tu travailles sur ton livre sereinement et avec constance, les résultats viendront bien assez vite.

Olivier

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